Forget your work and listen to me : you'd never guess what's coming !

15h34min45sec. Mack toqua à la porte du bureau de Sheppard. Sachant qu’il y avait un genre de sonnette sur le boîtier d’ouverture de la porte, cette méthode faisait très old fashion mais à vrai dire l’infirmière n’avait pas spécialement réfléchi. De toute manière lui demander une réflexion intense dans l’instant relevait d’une mission impossible. Son esprit était bien trop préoccupé pour cela. Et pour cause, ce n’était pas une visite de courtoisie qu’elle venait faire dans ce bureau.

Il semblait à MacKenzie que cela faisait une éternité qu’elle n’était pas venue jusqu’ici. John et l’australienne faisaient généralement en sorte pour qu’on ne les voit pas ensemble ou qu’en de rares occasions. Distances qui tuaient Mack mais qui étaient censées assurer leur protection. On avait vu à quel point il y a quelques mois. La seule chose positive de cette affaire avait été qu’à présent les deux étaient plus proches et se voyaient plus souvent au point d’avoir emménagé ensemble. Lewis ne savait pas spécialement comment l’américain le vivait mais la jeune femme, elle, était presque aux anges. Elle faisait partie de ses gens qui ont besoin d’un contact physique avec l’être aimé pour le sentir près d’elle. Cependant, elle veillait à ne pas être trop collante, elle détestait ça et savait généralement s’arrêter au bon moment. Mack ne rechignait simplement pas devant un gros câlin avec Sheppard voilà tout.

La porte s’ouvrit brusquement devant l’infirmière qui fut tirée de ses pensées. Elle découvrit un Sheppard assit derrière son bureau la mine encore concentrée sur ce qu’il était en train de faire qui ne leva la tête vers elle qu’après plusieurs dizaines de secondes. MacKenzie lui adressa un sourire involontairement crispé et engagea la conversation.

« Hi ! Am I disturbing you ? »

Sheppard eut à peine le temps de formuler sa réponse que l’infirmière enchaîna.

« Good ! »

Elle s’engouffra à l’intérieur et la porte se referma sur ses pas. Maintenant qu’elle était dans la place avec sa tête de « j’ai vu un zombie » elle alla directement s’asseoir sur un fauteuil sans même passer par la case du baiser de retrouvailles. Mack prit une longue inspiration et se lança à nouveau dans un débit de parole digne d’un McKay en temps de crise :

« Assieds-toi, Enfin assis tu l’es déjà mais bon tu m’as compris, disons tiens-toi bien pose ton café lâche ton ordi et annule ton prochain rendez-vous s’il y en a un. »

John siégait dans son bureau avec la ferme attention de bidouiller des dossiers. Ses doigts exercaient un bruit régulier sur le clavier de son ordinateur, pendant qu'il falsifiait volontairement le dossier d'un de ses hommes. C'était complètement illégal, mais il faisait tout pour éviter à un de ses hommes de se retrouver aux mains de l'IOA. Ils l'avaient obligé un jour à assister à un interrogatoire et honnêtement, il s'était retenu de tous les puncher. Cette cité était devenu une cour où les lions s'arrachaient mutuellement les membres, Sheppard offrait juste à certains un surcis, car il savait que le mal pouvait être encore plus vil quand il était parmi les habitants d'une cité. Après cela, il effaca toute manipulation avec le programme que Rodney le lui avait passé. Il était chanceux d'avoir un scientifique aussi génial parmi ses amis, cela aidait fortement.

Sheppard se donna ensuite du courage pour faire des rapports. Il supervisait tous les rapports de missions, les rerédigeant afin de fournir le moins d'informations possibles à ses supérieurs indirects. C'était ça de se sentir responsable de tout le monde. Vers 15h 34 min 45 sec , John entendit quelqu'un frapper à sa porte. D'habitude à cette heure-ci personne ne venait, car tout le monde était occupé soit à dormir, soit à travailler. Du coup cette visite sonnait comme une pause bien méritée. Il ne releva pas directement la tête, voulant terminer sa phrase avant d'en oublier la tournure. Ensuite il releva finalement la tête et sourit.

"Hi babe....no...no...I was just reporting things....the routine you know"

Avec le comportement de Mack, John voyait arriver le big problème grand comme une maison. Il suivit le conseil de sa compagne et se redressa pour s'accouder sur la table, tout ouïe et pas sûr de vouloir savoir ce qu'elle avait à dire.

Ce qui était certain c’est qu’avec ce qu’elle avait à lui annoncer, elle allait casser sa routine. Bien heureux il était alors qu’il ne savait encore rien. MacKenzie elle savait et n’en avait pas fermé l’œil de la nuit. Elle n’était même pas rentrée dans leurs quartiers avant le petit matin. N’attendant pas plus longtemps l’australienne lâcha sa bombe de but en blanc.

« I’m Pregnant »

Autant Mack pouvait avoir de terribles phases où elle mettait six heures à trouver la bonne formulation pour dire quelque chose en mêlant des hésitations formulées à voix haute et des phrases à contresens. Autant elle pouvait lâcher sans le moindre tact des missiles de nouvelles dans ce genre. L’infirmière s’était torturée l’esprit pendant des heures et n’avait rien trouvé d’approprié. La dernière fois qu’elle avait annoncé une grossesse en préparant le terrain elle s’était faite jeter par son ex-mari comme une m*rd*. Même en sachant que John n’était pas comme lui, l’australienne avait laissé tomber l’idée illico. Elle voulait lui en parler vite et se débarrasser de ce fardeau pour passer au suivant. De manière nerveuse, Lewis commença à jouer avec ses doigts en les entortillant de manière désordonnée et rapide. La jeune femme ignorait si elle devait se réjouir de la nouvelle ou au contraire le prendre comme la pire chose qui soit. Et pire, ce qui allait arriver maintenant. Elle ne pouvait prévoir la réaction de John et ne savait pas à quoi s’attendre sur un tel sujet dans un moment pareil. Soit il explosait, soit il bugguait soit il sautait de joie soit elle ne savait pas. C’était la part d’inconnu dans l’équation qui effrayait le plus MacKenzie qui n’osait plus croiser le regard de son compagnon.

John aimait les enfants, il avait souvent joué avec les Athosiens et depuis qu'il avait renoué avec son frère, ses neuveux étaient gaga de leur oncle. Cependant quand Mack lui annonca de but en blanc qu'elle était enceinte, la première réaction qu'il eut fut de répéter sa phrase encore une fois comme pour se mettre en tête qu'elle était vraiment vrai et que ce n'était pas une blague. Non Mack ne ferait pas de blague avec ce sujet, c'était beaucoup trop personnel. Sa deuxième réaction fut de regarder les alentours, et finalement isoler visuellement et phonétiquement la salle pour un oeil extérieur, mieux valait éviter de faire des vagues. Sa troisième réaction fut de s'enfoncer dans sa chaise.

"Wow....that's.......pifou"

Il ne s'attendait pas vraiment à cela et chercha l'erreur qu'il avait commise ou qu'elle avait commise. Après tout ils étaient deux dans cette histoire. Il se passa une main dans les cheveux , l'air de ne pas vraimetn apprécier, mais en fait les apparences étaient trompeuses. Il ne savait pas encore les détails de tout cela.

"And...you...you are sure....right?"

Il fit une moue. Elle était mieux placée que personne pour savoir ce genre de choses. Mais John avait besoin de mettre un peu d'ordre dans ce qu'il venait d'apprendre et se laisser du temps pour bien réagir. Il avait souvent vu des futurs pères crier à l'avortement et s'enfuir. L'un de ses meilleurs amis avait agit comme ça. Il l'avait condamné à l'époque et le faisait encore. John regrettait souvent de ne plus avoir son père, ne plus avoir de véritable famille, et un de ses souhaits avaient toujours été de se racheter une conduite en réparant l'état paternel Sheppard. Peu à peu alors que des scénarios de futurs jeux de football prenaient forme dans sa tête , un sourire se peignit sur son visage.

" I guess ....I will be daddy then..."

Il eut un petit rire avant de se lever et embrasser directement Mack. Cependant dans cette réaction parfaite, il y avait une ombre au tableau. L'environnement. Etaient-ils prêts à mettre un enfant au monde ici? Pour John c'était une réponse clairement formulée.

"I willl demand your transfer to Organa (*) "

MacKenzie releva les yeux de temps à autre pour constater des états par lesquels passait son boyfriend et fut extrêmement surprise de sa réaction finale. Même dans ses espérances les plus positives cela ne se déroulait pas aussi bien. Lorsqu’il l’embrassa, la jeune femme passa ses bras autour de Sheppard pour le serrer contre elle comme si le sentir contre elle allait l’aider à accepter que ceci était la réalité. Elle lui souriait timidement, les yeux humides se sentait soudainement libérée de certaines angoisses. Mais l’ombre au tableau, car il devait bien y en avoir une, arriva avec la dernière phrase. L’infirmière haussa un sourcil et resta bouche bée quelques instants. Cette fois ce fut à elle de prendre quelques secondes pour analyser et accepter ce qu’il avait dit. Quand elle eut retrouvé l’usage de la parole elle lui délivra illico sa réponse.

« No way » fit-elle d’un ton ferme en secouant la tête.

Alors là c’était clair et net, il n’était pas question que MacKenzie soit exilée pour le reste de son existence sur une autre planète toute neutre et alliée à leur camp qu’elle soit. Si jamais elle gardait le bébé ce qui n’était pour l’instant pas dans la préoccupation du moment elle tenait à passer sa grossesse avec la personne responsable de son état et avec un suivi médical terrien. L’australienne était bien consciente des motivations de Sheppard à vouloir la faire partir sur Organa, cela avait même été l’une des raisons qui l’avait empêché de dormir la nuit dernière. Elle n’était pas idiote, elle savait qu’ils n’étaient pas dans un contexte de vie idéal pour accueillir un bébé sur la Cité.

John soupira. Cela aurait été trop facile qu'elle dise simplement oui. Et pourtant, elle devait savoir que c'était la meilleure solution. Il ne voulait pas l'écarter, mais en étant enceinte, elle était vulnérable et malheureusement l'IOA ne laisserait pas passer une occasion aussi belle de faire tomber l'une des dernières résistance de cette cité. Il s'humecta les lèvres.

"Mack...sois raisonnable...tu sais aussi bien que moi que dans 5-6 mois tu ne pourras rester ici...c'est trop dangereux et pour toi et pour notre enfant..."

Il essayait de mettre toute la diplomatie dont il était capable en jeu, mais il avait peur de se borner à un mur. Mack avait sans doute des arguments pour rester ici, John en aurait aussi. Il ferait tout pour protéger sa moitié et lui épargner que plus de mal lui arrive. Il s'en voulait déjà assez pour la dernier fois, alors quitte à être over protective, il voulait agir préventivement et éviter un nouveau drame.

" Ce n'est que pour quelques mois...et quand tu seras remise, tu reviendras ..."

John pensait le contraire, si cela ne tenait qu'à lui il la laisserait sur cette planète . Mais il devait user de compromis pour faire comprendre à Mack qu'elle n'était pas exclue de la cité. Il ne fallait pas se voiler la face, si elle voulait rester, il fallait soit qu'il garde constamment les yeux sur elle ou engage un garde du corps, soit une option qui dans la conception de John était un meurtre pur et simple, mais qui si on y pensait vraiment était une alternative salutable si on voulait éviter à un être innocent de souffrir. Enfin, cette option n'était pas sur la table et John ne comptait pas imposer cela à sa compagne. Etre papa était après tout une envie qui dormait chez Sheppard depuis sa blessure avec son propre père.

Il est vrai que m’expédier sur une planète entourée d’étrangers que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam est bien plus sûr

lança-t-elle avec ironie.

Il n’était pas question pour elle de partir et John devait comprendre pourquoi aussi. Mais sur un sujet pareil le compromis serait difficile à trouver. Mack le savait tout comme le pilote. Cependant ils allaient bien devoir en faire un car une impasse ne les aiderait pas dans ce cas de figure.

Quand j’ai signé mon contrat pour embarquer dans l’expédition je savais que partais vers l’inconnu, je savais qu’il y aurait du danger et j’ai accepté d’y aller et de m’y confronter coûte que coûte. J’accepte de jouer leur jeu, de jouer ton jeu parce qu’on n’a pas d’autres solutions si l’on veut pouvoir être ensemble mais cette fois je ne vais pas me laisser faire.

La jeune femme marqua une pause pendant laquelle elle chercha une formulation adéquate pour exprimer les idées qui se bousculaient dans son esprit. Il y avait autant de peur que de colère et le mélange des deux était assez explosif aussi l’infirmière tâchait d’y prendre garde. Et c’est là que John ajouta qu’une fois jeune maman elle pourrait revenir.

Ah bon ? Je pourrais revenir ? Parce que dans ce cas alors le bébé ne sera pas soumis en danger et moi non plus, comme par magie ? Si je pars sur cette planète je sais que tu me laisseras jamais revenir.

L’australienne passa une main sur son visage et rajusta la position une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle prit à nouveau un moment pour réfléchir et profita de l’occasion pour faire quelque pas dans le bureau et reprendre.

« Je n’ai pas l’intention de vivre ça toute seule John. Et rien de ce que tu feras ne m’empêcheras de rester ici et de partager ça avec toi. Dis-toi bien que cette grossesse me file bien plus la trouille qu’une attaque de l’IOA sur ma personne et que terrifiée comme je le suis, je préfère encore avorter que de devoir affronter ça sans personne à mes côtés. Je ne quitterais pas Atlantis et tu pourras me traiter de tête de mule, de bornée et de tout ce que tu veux d’autres, je ne cèderais pas. Pas cette fois. »

MacKenzie termina sa phrase avec une voix tremblotante. La jeune femme était crispée comme jamais et semblait on ne peut plus sérieuse. Elle avait parlé avec son coeur et s'était quelque peu trahie par la même occasion mais sur un sujet si sensible, Mack ne baisserait pas les armes. Elle estimait avoir suffisamment encaissé pour que cette fois elle ait le droit d'y mettre un veto. Tant pis si cela ne plaisait pas au futur père.

C'était dans mes moments pareils où John aurait aimé avoir Teyla à ses côtés. Elle était passé par là, elle savait ce qu'il fallait faire ou ne pas faire. Elle pourrait lui porter conseil, mais au vu de la situation cela demeurait cependant impossible. John passa une main sur sa nuque.

"Je...Je...Je...que des Je...tu peux prendre ce risque Mack...je ne dis pas le contraire, mais en prenant un risque, tu le fais également le prendre au bébé ...vous êtes deux là dedans et vu qu'il ne peut pas décider , on doit agir pour le mieux pour lui ou elle...et abandonner ses positions égoistes...c'est ça être parents...faire des sacrifices...et tu sais très bien que si je n'occupais pas le post que j'occupe maintenant je serai venu avec toi..."

Il concevait que tout sela pouvait être difficile etc etc etc, mais pourquoi nier l'évidence des choses. Mack ne devait pas rester ici. De force il la ferait partir bien son droit de véto. Elle n'était pas objective, cela devait déjà être les hormones qui jouaient la samba et faussaient son jugement, parce qu'une personne censée aurait déjà donné raison au militaire.

" Tu ne veux pas partir d'ici , parce que tu ne veux pas partir d'ici...j'ai compris cela... j'aimerai t'offrir une grossesse comme tout le monde, où tu me traines à des cours de respiration....mais nous ne sommes pas dans cette situation....quand tu auras accouchée oui tu pourras revenir....tu n'auras plus les désagréments de transport et on pourra mieux s'organiser pour faire attention au petit "

John soupira à nouveau, secouant la tête. Une vrai tête de mule.

" Il n'est pas question d'avorter, je t'interdis de penser à cela....c'est juste que je ne vois pas l'intérêt de risquer de te retrouver évantrée et de vous perdre tous les deux, seulement parce que tu veux rester ici pour être près de moi et d'un médecin....et avec tout le stress qu'il y a ici, tu vas faire une fausse couche avant d'avoir passé le premier trimestre...."

Un silence s'installa. Sheppard voulait vraiment trouver une solution à cette situation, mais elle était difficile. Il réfléchit quelques minutes, se dirigeant vers la fenêtre et regarda les gens en train de travailler. Il avait une obligation envers eux, tout comme envers Mack.

"Et si je vais avec toi et le médecin de ton choix sur cette planète?"

Il était prêt à cesser de couvrir leur arrières à ses hommes pour Mack. Cela avait un goût amer de décisions de guerre. Sauf qu'en général on abandonnait le petit nombre pour sauver le grand nombre et non l'inverse.

« Eh bien j’en ai assez de faire des sacrifices. Je trouve que j’ai suffisamment accepté d’en faire jusque là pour dire Stop et enfin faire ce dont j’ai envie. »

La jeune femme prit cependant très mal l’insinuation au fait qu’elle ait des pensées égoïstes. S’il y avait bien quelqu’un qui ne pensait pas qu’à sa petite personne c’était bien Mack. Toujours à se mettre entre parenthèses pour les autres, pour John. Qu’il ose ne serait-ce que le penser la blessait.

« J’ai bien des défauts mais je t’interdis de dire que je pense de manière égoïste » ajouta-t-elle de manière dure comme pour prévenir le pilote qu’il ne valait mieux pas s’engager sur cette voie.

Ensuite l’infirmière laissa son compagnon parler sur les risques qu’elle encourrait si elle restait sur Atlantis. L’IOA par ci. L’IOA par là. L’australienne commençait à en avoir assez de vivre dans la peur de cette organisation. Toute cette psychose autour d’eux, toute la crainte qu’ils inspiraient ne faisait que les rendre plus puissants et depuis quelques jours Mack avait eu le temps de réfléchir au sujet. A présent, elle envisageait sa situation et celle de l’expédition sous un angle nouveau. Prendre du recul, voilà quelque chose qu’elle aurait du faire il y a bien longtemps.

« S’ils m’avaient voulu morte ils ne m’auraient pas laissé de chance de survie. »

Cela devait être la première fois que Mack évoquait les choses sous cet angle avec John et cela risquait peut-être de faire des étincelles. Du moins, plus d’étincelles qu’à l’heure actuelle car ils avançaient lentement mais sûrement vers une belle dispute digne de ce nom.

« Je ne suis pas suffisamment importante à leurs yeux pour valoir la peine de mourir de leur main. On sait comment ils procèdent, s’ils avaient vraiment voulu obtenir ma mort, ils auraient terminé le boulot comme ils l’ont fait avec d’autres. »

Il y eut un nouveau petit temps de silence pendant lequel Lewis chercha ses mots pour continuer son discours à tonalité révolutionnaire.

« Je n’ai pas l’intention de continuer à jouer leur jeu et à leur donner satisfaction en étant effrayée 24h/24. Ils ne prendront plus d’ascendant sur moi, ni sur ma vie, c’est terminé. J’ai enfin compris comment tout ceci fonctionnait et il est grand temps de cesser cette mascarade. J’ai choisi d’agir et mon premier acte sera de passer cette grossesse sur Atlantis pour qu’ils pigent qu’il y en a marre et que quelqu’un sur cette foutue Cité n’a plus peur. Car finalement ce n’est que cela, de la manipulation par la peur. On craint ce que l’inconnu et ce qui nous échappe mais bon sang on sait qui est notre ennemi, pourquoi accepter de se laisser faire ? »

A l’écouter, la jeune femme avait tout d’une leader d’un groupe de résistant contre « l’oppression ». D’une certaine manière, MacKenzie espérait que sa petite tirade allait déranger Sheppard au point qu’il réagisse. Seul souci avec sa réaction, elle ne pouvait pas la prévoir. D’ailleurs elle ne s’attendit pas à celle qu’il eut avec sa proposition. L’australienne scruta le visage du pilote, cherchant à lire dans son regard fuyant la preuve qu’il était prêt à le faire et que ce n’était pas des paroles en l’air. Cependant, cela ne satisfaisait toujours pas la demoiselle.

« Si tu m’accompagnes je sais que chaque jour je lirais dans tes yeux les angoisses de ne pas être aux commandes ici et de ne pas être là pour tes hommes et pour les couvrir. Je sais ce que représente l’idée de faire ton devoir et rien que pour cela je refuse quand même de partir. Je ne veux pas voir dans ton regard tous les remords que tu éprouveras à être sur cette planète. Quant au médecin de mon choix, il n’est pas question qu’il ou elle soit forcé de partir à cause de moi. Je ne suis personne pour imposer cela et je compte bien rester dans cette position. »

Plus cette discussion avancait plus John avait les nerfs en surchauffe. En soit il ne le voulait pas, mais concernant des affaires privées, il avait tendance à perdre son sang-froid légendaire et carrément péter un plomb. C'était toujours comme ça quand il devait discuter de quelque chose d'intime et de sérieux. Il s'emportait et souvent regrettait après.

" Un droit de véto...tu te crois où ici? à L'ONU? à L'OTAN?...ce n'est pas si simple ma chère Mack. Si tu es encore en vie c'est uniquement parce que Keller t'as rafistolé comme il le fallait....tu était accrochée comme un boeuf qu'on vient d'égorger....5 minutes de plus et on n'aurait pas cette conversation...alors permets moi de fortement douter qu'ils ont montré de la clémence à ton égard. Tu n'es juste plus importante à leur yeux , jusqu'à ce qu'ils verront ton ventre fièrement affiché....je suis sur la sélecte chaque jour....chaque jour j'ai le couteau sous la gorge....à danser entre deux chaises....^dès qu'ils sauront qu'ils ont un moyen de pression envers moi, ce sera l'anarchie ici..."

Il lui interdisait un truc, elle en faisait de même, cependant son regard laissa clairement sous-entendre qu'il ne changerait pas d'avis. Sa tête de mûle de vouloir commencer une révolution en étant enceinte allait la rendre un martyr. Mais elle était tellement bornée dans ses convictions personnelles et ses désirs que John aurait plus d'impact de parler à un mur. Son joli monologue le fit grincer des dents. Peur? Bien sûr qu'il avait peur, mais pas de l'IOA. Il avait peur de toutes ces fouines tapies dans l'ombre, il avait peur que la cité ne tienne pas le coup...il avait beaucoup de craintes, mais l'IOA en soit n'était puissante que parce qu'elle n'était pas sur cette cité avec ses représentants.

"Quelle éloquence..." ironisa John. " Une vraie leader...o tiens comme tu veux jouer les révolutionnaires....take a seat...prends place dans mon fauteuil...je te passe le flambeau si tu crois que tu peux mieux faire que moi ....go ahead...."

Il avait même tournée la chaise vers elle. Elle n'avait aucune idée de sa situation actuelle. Ou alors elle le savait et faisait semblant de ne rien voir, mais John connaissait assez Mack pour savoir que ce n'était pas le cas. Elle avait certes des oreilles sur ce qu'il se passait, mais elle ne voyait que l'ice-berg. L'état de fatigue émotionnel de John n'était pas dû à de simples querelles. Il avait vu ce dont était capable l'homme, il était toujours hanté par la vision de Mack.

"Tu sais Mack...l'on dit que les 2 meilleures armes contre les femmes c'est la foi et la mauvaise foi....et bien laisse moi te dire que tu es une championne de la mauvaise foi....l'exception qui fait la règle....des remords il y aura dans tous les cas de figure....mais ne me sous-entends pas que je tournerai chaque 5 minutes la tête vers la porte....ce n'est pas vrai....je suis un homme de parole...quand je dis que je resterai avec toi....c'est que tu resteras dans mon champ de vision....mais autant parler à un mur....lui sera plus enclin à être raissonable que toi....Vas-y...fais ta révolution....crie à l'IOA que tu les envoie chier t'as tellement plus de couilles que moi....mais viens pas pleurer après....et d'ailleurs pourquoi être venu si ta décision était déjà prise...."

Il s'était un peu trop emporté, mais quand colère et inquiétude, avec une touche d'incompréhension se mélangeaient cela donnait un cocktail explosif.

Le regard de l’infirmière se durcit et elle serrait les dents pour contenir la colère qui prenait possession d’elle. Dans une dispute de ce genre il y avait comme un jeu du plus fort qui s’instaurait. Celui qui parviendrait à faire craquer l’autre à l’énerver davantage serait vainqueur. Et dans cette optique, MacKenzie fit preuve d’un sang froid qu’elle n’avait pas mis à l’épreuve depuis longtemps. Elle s’étonnait presque de paraître si calme alors qu’elle bouillait de rage et avait tout sauf envie de sembler si maître d’elle-même.

« Han je vois… Tant que je fais ce que tu désires et que je me range bien sagement alors je suis honnête et sainte mais dès que j’ose m’opposer à ta volonté je suis égoïste et championne de la mauvaise foi. J’aime avoir le rôle de la méchante Mack bornée qui vient déranger la sainte parole du sage John. »

Quand le cynisme et les sarcasmes s’invitaient au bal, on promettait généralement l’apothéose. Ah bien y réfléchir, la dernière phrase n’était malheureusement pas fausse. Dans ce genre de « discussions » c’était toujours elle la méchante, toujours elle qui avait le mauvais rôle. Elle était celle qui empêchait Sheppard de quitter l’infirmerie en douce, elle était celle qui était égoïste, celle qui était faible et ne pouvait penser par elle-même, celle qui ne devait pas réfléchir parce que sinon elle sortait des conneries… Quand le pilote désigna sa chaise, MacKenzie ne se démonta guère et approcha de lui.

« Et pourquoi pas ? » murmura-t-elle d’une voix anormalement sensuelle tout en le défiant du regard.

« Pourquoi ne ferais-je pas une bonne leader ? Mh ? Après tout je ne suis pas idiote, enfin pas toujours et si l’on t’écoute je le suis mais peu importe. Malheureusement pour toi, je ne suis pas intéressée…Le rôle que tu occupes te va à ravir ne change surtout rien pour moi »

Elle soutînt son regard quelques instants supplémentaires avant de s’éloigner de quelques pas de la chaise et de l’américain par la même occasion.

« Je n’ai pris aucune décision avant de venir. A la base, j’étais uniquement venue pour t’annoncer la nouvelle. Mais à peine as-tu pris le temps d’encaisser la nouvelle que tu t’es empressé de me dicter ma conduite en cherchant à m’éloigner le plus rapidement possible de toi et d’Atlantis. Depuis quelques temps tu as la fâcheuse manie de vouloir exercer un contrôle sur moi. Je n’ai rien dit jusque là parce que je n’étais pas en mesure de m’opposer à ta volonté mais aujourd’hui je n’ai pas envie de me taire. Les enjeux sont bien trop importants. Si tu crois que je vais porter un enfant comme une femme soumise et qui se plie à ton entière volonté tu te trompes. Alors pour prévenir toute idée qui pourrait te traverser l’esprit de me faire partir de force sache que je n’hésiterais pas à sacrifier la vie que je porte pour te faire comprendre que je ne suis pas un de tes hommes qui t’obéit aveuglément au doigt et à l’œil. »

Et comme pour étayer cette hypothèse, elle choisit de lui préciser ce qu’elle avait dans son arsenal.

« Il me suffira d’un verre ou d’un tout petit cachet pas plus gros qu’un embout de stylo. Ce sera parfaitement indolore et discret »

MacKenzie savait qu’elle allait loin en menaçant de s’en prendre à son bébé de la sorte mais puisque le pilote ne semblait pas résolu à la prendre au sérieux, peut-être qu’avec cela il allait saisir le message.

"O épargne moi ton cynisme s'il te plait...si tu étais un peu moins bornée et obstinée tu verrais peut-être que j'essaie d'agir pour le bien de tous...mais noooon cela ne semble pas suffir à madame qui préfère interpréter mes paroles pour me les retourner à la figure..."

Toujours elle la méchante et bla bla bla. A chaque dispute John avait l'impression de participer à un match de ping pong. Qui allait mettre l'autre en échec, qui allait sortir la pire des pics qui laisserait l'autre sans voix. John en avait réellement marre que Mack se posait toujours comme la victime, clamant haut et fort qu'elle était méchante, idiote et tous les qualificatifs dénigrants possibles. C'est enfin de compte ce qui le faisait sortir de ses gants, pas tellement ce qu'elle disait sur lui, mais sur elle-même.

Citation :: « Et pourquoi pas ? » murmura-t-elle d’une voix anormalement sensuelle tout en le défiant du regard.

John tourna la chaise vers elle, maintenant sans aucun remord son regard. Ce n'est pas lui qui allait céder. Il avait tellement bavé avec l'IOA qu'il était gonflé à bloc pour ce genre de petit combat. Cependant il aurait préféré les éviter avec Mack. Mais ne dit-on pas que celui qui chatie bien aime bien?

"Tiens prends place...tu connais mes mots de passe....tu pourras directement commencer."

Il relacha le dossier du siège quand elle se décida finalement à décliner. Elle ne comprenait décidément rien. Et John n'était pas assez délicat et doué avec les mots pour le lui expliquer. Il agravait plus souvent la situation que ne l'améliorait et cela était la cause de bon nombre de mal entendu.

"Je n'ai jamais dit le contraire...je ne t'offrirai pas la possiblité de t'asseoir ici si tu étais idiote...il semble que si je ne change rien pour toi, on va droit vers un mur Mack..."

Le monologue de Mack eut sur John un effet de réduction au silence. Il voyait Mack parler et parler sans vraiment la reconnaitre. Elle l'accusait de la contrôler, à l'entendre il était son goelier. Surtout avec des mots comme soumise et pliée à ton entière volonté. Ce n'était pas ce qu'il pensait. Il n'avait jamais vu Mack comme soummise, il l'avait traité toujours comme son égal. Il aurait pu venir avec des arguments comme quoi elle exercait aussi un contrôle sur lui quand cela n'allait pas et qu'il ne faisait que lui rendre la pareille , car il tenait à elle, plus que n'importe quel être dans cet univers. Son visage resta impassible, et dans son mutisme il se sentit vexé, blessé qu'elle puisse le considérer comme une entrave. Elle n'était pas son chien, loin de là, mais la jeune femme ne semblait voir que les resistrictions imposées dans leur couple.

"Fair enough" marmonna-t-il en se dirigeant vers son armoire à archives et prendre un dossier avant de s'assoir.

Il ne voulait pas ouvrir ce dossier, cela faisait tellement mal de le faire, mais Mack ne le lui laissait décidément pas le choix. Surtout avec sa dérnière réplique qui fut le coup de grace pour le militaire. Il allait ouvrir la porte de ses démons pour clore ce débat.

Une première photo.

"Abbigael Williams...33 ans...tuée par électrocution après interrogatoire de 74 h"

Une deuxième photo

" Marshal Nollis...48 ans...pendu après avoir avoué récolter des informations pour les Wraiths après 3 jours de torture"

Une troisième photo.

"Margaret et Marie Johnson...36 et 8 ans...executées dans leur maison pour faire parler Morgan Johnson"

Une quatrième photo. Une cinquième...une vingtiemme....une centième....toutes montrant les mêmes choses.

"Mackenzie Lewis...29 ans...tortuée et pendue dans les salles inexplorée...a survécu...est enceinte ..."

Tous ces gens morts, étaient morts pour John. Pour ne pas qu'il tombe...sauf Mack, la seule survivante du dossier que John nommait les 315 disparus. 315 photos de gens qui furent des amis, des connaissances, de simples subalternes et qui avaient donné leur vie pour qu'il réussise dans sa tache.

"Fais ce que bon te semble Mack...j'appuierai ta décision....maintenant veuille m'excuser, je dois terminer un rapport" conclut Sheppard la gorge un peu noué.

MacKenzie serra les dents lorsque Sheppard se permit de l'accuser encore d'être l'origine du problème par son caractère. Oui elle avait du répondant, non elle ne se laissait pas marcher sur les pieds et si elle avait envie de dire merde à quelqu'un elle allait rarement se géner pour le faire. L'australienne était simplement une femme qui pouvait se montrer très déterminée sur certains points et elle savait se battre bec et ongles pour montrer qu'il n'y avait pas de place pour un compromis.

"Eh bien j'en ai marre que tu penses au bien de tous ! Pense à ton bien, pense à mon bien. Tu es tellement focalisé sur tes plans que tu ne m'écoutes même pas ou du moins tu n'entends que ce que tu veux !"

L'infirmière observa Sheppard traverser la pièce pour sortir un volumineux dossier. En voyant les photos, elle resta de marbre. Plus ils avancèrent plus Mack comprit où son compagnon voulait en venir. Ce ne serait pas suffisant pour la faire changer d'avis. Elle ne sembla nullement mal à l'aise devant cet étalage d'horreurs. Ces gens étaient morts dans d'horrible conditions mais dans son job la jeune femme avait déjà vu des corps mutilés, malmenés, parfois en plusieurs morceaux et ce dans le cadre de son travail. MacKenzie se rapprocha du bureau et prit la photo concernant son cas et l'observa un instant toute expression semblant avoir disparu de son visage pendant un temps. Puis, elle déchira la photo en plusieurs morceaux et déposa le tout au-dessus des autres photos. La manière dont Sheppard voulut l'expédier hors de son bureau ne lui plut guère. Elle déglutit difficilement mais ne s'en alla pas pour autant tout de suite.

Puisqu'il semblait vouloir jouer eu jeu des photos, l'infirmière en tira une de la poche arrière de son pantalon. Elle était pliée et le papier photo semblait pas mal abîmé. MacKenzie la déposa sur le bureau. Elle montrait un homme qui devait avoir environ 70 ans dont la posture charismatique forçait au respect mais il possédait une lueur ambiguë dans le regard. Comme si derrière cette robustesse il y avait une part d'ombre douloureuse.

"Adam Edward Lewis, 71 ans, torturé pendant 4 ans, vit le martyr depuis 6 jours après avoir survécu à une explosion de gaz dans la maison familiale, mourra dans environ 36 heures de ma main" lança-t-elle sur le même ton que Sheppard quand il avait fait son numéro avec les centaines de victimes qu'il avait sur la conscience.

MacKenzie récupéra la photo de son père et dit à son compagnon par le biais d'un regard qu'il pouvait aller se faire f**tr* avec son rapport à terminer et tourna les talons pour aller d'un pas ferme vers la sortie. Elle s'arrêta au dernier moment et se retourna pour ajouter :

"Tu peux m'ajouter à la liste des personnes qui partent sur Terre dans 45 minutes. Tu vois, tu as ce que tu veux, je m'en vais"

Elle ne lui laissa guère le temps de répondre et entama sa progression dans le couloir.

En soit John n'avait pas fait ça pour prouver quoique ce soit à Mack, mais plus pour se soulager de tout ce fardeau qu'il avait en parlant à quelqu'un de confiance. Sa réaction le laissa tout autant de marbre qu'elle devant les photos. Elle pouvait autant déchirer la photo qu'elle voulait, cela ne changerait rien à ce qui arrivait. C'était leur pain quotidien , mais John ne voulait pas en faire une routine. Dans certaines culture , faire une photo était comme voler l'âme d'une personne, peut-être bien que Mack avait libéré son âme en déchirant cette photo. Quel gâchis d'un autre côté de le faire. Elle avait un si beau visage, et John ne voulait pas oublier ce qu'elle avait vécu. Il ne voulait pas qu'elle le revive à nouveau. Le militaire commença à ranger les photos en silence quand elle jeta sur la table une photo.

L'esprit du militaire fit directement le lien et resta un long moment sans bouger. Un tel silence était tellement surnaturel chez lui. Ce n'est que quand Mack se retrouva à la porte qu'il finit par se réveiller.

"He's already gone " répondit-il simplement.

Cette phrase allait être accompagné d'une explication, il le savait. Il se leva, rejoignant la porte. Mack s'était figée dans le couloir et d'une voix douce, John expliqua. Il ne savait qu'il s'agissait de son père. Pour lui cela avait juste été un patient qui avait fait un arrêt cardiaque. Mais Sheppard avait une bonne mémoire visuelle malheureusement et il n'y avait pas de doutes que c'était les mêmes personnes.

" This morning....The IOA called me for another internal affair.... I went to the hospital after that...seeing how an old friend was doing when I passed by a man....the man in your picture....your father....they just had pronounced hour of death...."

Il se rapprocha de la jeune femme, resta à quelques centimètres derrière elle. Dieu qu'il voulait la réconforter. Il savait ce que cela faisait de perdre son père, mais au fond, il était soulagé qu'elle n'était pas obligée de le faire. Un étrange dilemme s'empara de John . Mack ne pouvait être en sécurité sur Terre, mais en même temps la Terre était mieux qu'Atlantis. Cruel décision. Mais Lewis avait demandé qu'on la laisse tranquille, alors il se tut, n'éméttant aucune remarque ou ordre ou suggestion,

"I'm sorry"

MacKenzie écouta le récit du pilote et mit quelques secondes à encaisser la nouvelle. Seulement elle ne réagit pas comme elle l'aurait du. Pas d'yeux qui deviennent larmoyants, pas de d'expression de tristesse. Dieu seul savait combien cela ne collait pas avec l'infirmière. Elle aurait dû avoir ses réactions d'autant plus lorsque l'on connaissait toute l'admiration secrète qu'elle lui vouait. Mais non, rien ne se passa. Quelqu'un avait sans doute fait ce qu'elle s'apprêtait à faire. Quelqu'un avait certainement eu le cran ou la pitié de faire ce qu'elle avait voulu faire il y a déjà quatre ans de cela.

"Good" répondit-elle en hochant la tête.

Comme si Sheppard lui avait annoncé qu'elle avait reçu le dernier numéro d'un magazine auquel elle aurait été abonnée. Peut-être était-ce dû au fait qu'elle était encore sous l'effet de la colère encore présente à propos de la discussion qui venait de se terminer. Mais le plus louche, c'était cette air de presque soulagement mêlé à de la déception que l'on pouvait voir.

"Le côté pratique c'est qu'on fera sûrement des funérailles collectives... Pas besoin de faire des allers-retours à quelques jours d'intervalles"

MacKenzie haussa les épaules et soupira. Cela contrariait ses plans et de ce fait elle n'avait plus besoin de partir dans l'heure et pouvait différer son départ pour la Terre de quelques jours. Le détachement dont elle faisait preuve était à la limite effrayant. La jeune femme venait de perdre plusieurs membres de sa famille, le dernier en date, son père et elle se permettait d'avoir des pensées à haute voix qui défiait l'éthique.

"Well, cela veut dire que tu vas devoir me supporter encore quelques jours... C'est bête t'avais presque ta paix."

Chacun gérait le deuil à sa façon. Chacun avait une autre réaction face à la mort. A chaque fois elle était différente, à chaque fois, on voulait se protéger de cette douleur qui vous lacérait de l'intérieur et vous coupait le souffle. Mack avait parlé de son père en des termes toujours très respectueux et John avait toujours vu dans les yeux de Mack cette lueur de petite fille qui voit son père comme un super héro. Il comprenait son soulagement exprimé, il comprenait sa déception de ne pas avoir été là. Il comprenait tout cela et au vu de ce qui s'était passé aurait sans doute dû partir, la laisser seul, mais il ne bougea pas. Dans ce couloir où le temps s'était suspendu, il ne pouvait témoigner son affection. Il ne pouvait l'enlacer ou poser sa main sur son épaule. Il ne pouvait pas faire tellement de choses à cause de ces caméras invisibles qui tapies dans l'ombre faisaient de son quotidien un enfer.

Il s'avanca, pour se retrouver à côté de la jeune femme. Il s'en voulait d'avoir encore été l'ange de la mort. A croire que le sort s'acharnait sur le fait qu'il devait toujours annoncer les décès. La seule différence, c'est qu'il n'avait pas encore vu le visage de Mack. Il n'avait pas vu ses premières réactions...elle les garderaient dans son jardin secret.

"You know I would miss you too soon"

Sa main se glissa dans la sienne.

"I love my pain in the ass..."

Il serait là pour elle, dispute ou pas dispute. Si elle voulait de lui pendant l'enterrement, il viendrait, sinon et bien il préparerait le terrain pour que le souhait de Mackenzie de passer sa grossesse sur Atlantis se passe bien...enfin si cela était toujours à l'ordre du jour.

"Je peux demander que tu partes dans 45 minutes si tu le souhaites"

Ce ne sera pas nécessaire

répondit la jeune femme en sachant qu’avant d’être convoquée pour les funérailles quelques jours passeraient.

Je ne tiens pas à assister à ce qui précède

Et pour cause, l’australienne ne se sentait pas de faire un come-back dans le clan Lewis après ce qu’il s’était passé et se montrer telle qu’elle était. Elle n’avait aucune idée de la manière dont les siens réagiraient en la voyant si transformée depuis la dernière fois. Cela faisait des mois qu’elle n’était pas rentrée sur Terre. Elle se voyait doublement moins leur annoncer qu’elle était enceinte alors qu’une de ses belles sœurs avait perdu son bébé lors de l’explosion.

Mack baissa le regard sur la main que John avait prise dans la sienne mais ne l’apprécia pas comme elle aurait du. C’était mieux que rien mais cela ne suffisait pas à l’australienne. Pas après ce qu’il venait de se passer. La nouvelle du décès de son père n’effaçait pas leur dispute. Elle lâcha sa main et releva les yeux pour croiser le regard de son compagnon

I’m still mad at you

L’infirmière garda un regard sévère fixé sur Sheppard pendant quelques secondes avant de détourner la tête et rester pantoise pendant un temps, sans savoir quoi faire de sa carcasse à présent. Il y eut comme un flash lumineux dans le bureau de John avec un sifflement significatif de téléportation. La tête du Général O’Neill apparu dans l’entrebâillement de la porte.

Hey !

leur murmura-t-il à tous les deux en leur faisant signe de venir dans le bureau d’un mouvement de tête.

MacKenzie se résigna et suivit Sheppard dans le bureau qui se referma sur leurs pas. L’infirmière salua le gradé et se mit à l’écart pour laisser les deux hommes échanger ce qu’ils avaient à dire sans écouter ce qu’ils se disaient. Cela ne l’intéressait pas. Et pourtant elle aurait dû prêter un peu plus attention à ce qui se disait car il faut question de remaniement de personnel et d’un nouveau leadership. L’IOA avait visiblement eu en tête de placer un civil en plus de Sheppard aux commandes de la Cité. Le but de la manœuvre n’était pas de revenir à un civil placé tout en haut de la hiérarchie mais sur un pied d’égalité. Comme on peut s’en douter les conflits d’intérêts qu’il y aurait entre Sheppard et cette personne devaient bien sûr fragiliser encore davantage la hiérarchie de l’expédition. Diviser pour mieux régner semblait être la philosophie à l’ordre du jour. A ceci près que les militaires avaient pris de cours les bureaucrates en proposant le nom d’un candidat civil, déjà déployé dans Pégase.

… That’s why we suggest to put Miss Lewis at the head of the Expedition with you...

déclara O’Neill en guise de conclusion

John ne put s'empêcher d'avoir un petit sourire quand Mack lança un I'm still mad at you. Il n'était pas vraiment convaincu , parce qu'elle avait ce ton pas vraiment convaincu pour vraiment être mad at him. Enfin John ne lui fit pas cette remarque.

"I know...and you will till you realise that I was just trying to act for the best....for you and me...and..."

Il ne put terminer que Jack débarqua dans son bureau. Cela ne lui disait rien qui vaille. Il se dirigea vers son bureau et salua le général. John nota en même temps que Mack l'avait suivi. Une fois isolé, il engagea sa discussion avec Jack. Ainsi donc L'IOA voulait le faire chier, rien de nouveau, c'était leur sport favoris. Cependant John avait vraiment besoin de pouvoir délester un peu son travail, car cela commençait à devenir beaucoup pour sa propre personne. Et puis avec la grossesse de Mack, il allait de toute façon avoir besoin de quelqu'un pour pouvoir passer du temps avec sa compagne. Il fallait se faire une raison, et John commençait dès maintenant à chercher des occasions de se faire à l'idée qu'il n'arriverait pas à déloger Mack.

"Comme c'est étonnant ....diviser pour mieux regner right"

L'IOA était tellement prévisible, c'en était presque déçevant. Enfin jusqu'à maintenant, car quand la nouvelle tomba sur l'identité de son co leader, il tomba de haut. Il ne savait pas si c'était une bonne chose ou une mauvaise chose. S'il disait que c'était une mauvaise idée, Mack allait encore sauter sur l'occasion pour lui dire qu'il devait arrêter de la contrôler ou lancer encore un pourquoi pas. L'ironie de la chose était qu'il lui avait proposé de le remplacer et qu'elle avait délciné. Donc elle ne le voulait pas. Enfin dernier argument , leur enfant. Si elle devenait leader, elle devrait quand même prendre un congé maternité . Cependant , il décida de tourner la chose de façon plus diplomatique.

"Well....that's euh....an idea....what do you say Mack?"

Il y eut un long moment de silence qui suivit la question de John. MacKenzie s’était assise sur un fauteuil et observait à travers les vitres teintées la salle de contrôle, le va et vient de certains techniciens scientifiques et autres civils. Sheppard dut attirer son attention à deux reprises en l’appelant par son prénom pour qu’elle réalise qu’il lui avait adressé la parole. L’australienne haussa un sourcil et dévisagea les deux hommes qui semblaient attendre quelque chose d’elle.

« What ? »

Cela força les deux hommes à lui faire un bref résumé de ce qui avait été exposé plus tôt en détail. Lorsqu’on lui posa la question de savoir si elle voulait prendre le commandement avec Sheppard, l’infirmière ne sut que répondre. Elle n’était pas formée pour être leader, son domaine c’était la santé pas diriger une expédition.

« And you expect me to give you a definitive answer right now ?
- We can give you a few hours to decide but it will be better if you tell us your decision before the end of the day. »

MacKenzie leva le regard vers son compagnon, sondant son visage et son regard pour savoir ce qu’il pouvait en penser. Après tout, c’est lui qui allait devoir la supporter du soir au matin en continu ou presque. Il avait ses habitudes et voir la jeune femme débarquer là-dedans risquait de mettre un beau foutoir là-dedans. Emménager ensemble avait déjà été un cap à franchir. Ils s’entendaient bien mais ils avaient découvert de nouvelles facettes de la personnalité de l’autre.

« Well, si je dis oui je ne suis pas sûre qu’il tienne le coup » fit-elle à O’Neill en désignant John de la tête avec un demi-sourire.

Le général ne put s’empêcher de rire doucement avant de reprendre un peu son sérieux.

« I’m sorry Miss but if you don’t mind I need to talk to the Colonel in priv…
- Oh sure !» répondit Mack un peu embarrassée.

La jeune femme se redressa promptement et traversa le bureau pour partir. En passant à côté de Sheppard elle lui murmura :

« Si tu me cherches, je serais sûrement dans un endroit à dépoussiérer »

L’australienne savait qu’avec ceci John saurait de suite où la trouver. Il n’y avait qu’un endroit connu d’eux deux pour sa tranquillité qui pouvait avoir besoin d’un dépoussiérage : leur cachette secrète. Puis elle salua les deux hommes et s’éclipsa.

--> Already said.

O’neill observa la porte pendant encore quelques secondes avant de se tourner vers son subalterne.

« She’s amazing, isn’t she ? So… How are you John ?»